Recrutement Idril

L'elfe entra dans le bureau du recruteur sans frapper et attendit quelques secondes, debout devant une table où était assis un secrétaire.
Elle était légèrement vêtue, ses cheveux tombaient librement sur ses épaules : l'insolente n'avait fait aucun effort pour soigner son apparence et être ainsi présentable.
Le secrétaire lui proposa une chaise, qu'elle refusa. Celui-ci n'insista pas, et demanda machinalement :

- C'est à quel sujet ?

L'elfe eut un sourire satisfait, elle n'aimait pas la formalité, les trop nombreuses formules de salutation et appréciait donc que le secrétaire aille droit au but.

- J'aimerais parler à votre chef.

- Je regrette, mais il n'est pas disponible, je suis le secrétaire du recruteur, je peux lui laisser un message de votre part.

L'elfe laissa échapper un rire cristallin, auquel elle assortit un commentaire comme quoi les informations devaient traverser bien des épreuves pour arriver à destination. Le secrétaire ne parut guère amusé par la plaisanterie de l'elfe qui reprit un ton formel.

- Je souhaite postuler une demande de recrutement, dit-elle avec un sourire amusé, satisfaite de sa formulation.

- Le recruteur ne prend les gens que sur rendez vous mais je vous écoute, quelles sont vos motivations ?

Elle commença à parler tout en faisant le tour de la pièce, puis s'interrompit, voyant que son interlocuteur se contentait de l'écouter.

- Comptez-vous seulement faire part de ma demande ? dit-elle froidement.

- Pour sûr.

- Avec autant d'intermédiaires, je crains que mes paroles arrivent fort déformées à l'oreille de votre chef. Ecrivez.

L'exigeante demoiselle s'assit sur la table, parlait vite, regardant par dessus l'épaule du secrétaire afin de veiller que celui-ci recopie bien mot pour mot tout son discours. Après de nombreux ajouts, suppressions et ratures, voici ce à quoi ressemblait la lettre.

Citation :

Bonsoir cher Comte,
Je tiens tout à d'abord à vous féliciter pour l'admission de votre guilde, face à l'exigeance réputée du Conseil.
Evidemment, ce n'est pas le but de ma lettre, je compte en effet vous faire part de ma demande j'espère avoir l'honneur d'adhérer à votre guilde.
On me demande mes motivations, il me paraît évident que ce sont les mêmes que les votres, mais j'imagine que je dois tout de même développer mes propos.
Comme vous devez bien le supposer, d'après mon métier, j'apprécie beaucoup le vin, non pas le vin, la foule, la foule je vous dis ! barrez ! la foule et il me peine beaucoup de devoir nettoyer les taches de sang souillant la taverne suite à la visite de clients venant chercher réconfort après les batailles vous n'avez pas écrit ça ? barrez, je plaisantais voir tant de querelles dues à la guerre dans mon lieu de travail.
Il me paraît logique d'ajouter que cette pratique barbare, vulgaire et primitive qu'est la guerre ne me plaît point. J'ai horreur des attaquants trop nombreux, pillant et détruisant mon royaume, provocant les pleurs et la tristesse des mes sujets, je suis lasse de devoir les consoler et tenter de leur redonner espoir quotidiennement excusez-moi je pensais trop fort, barrez ! non pas juste la fin, toute la phrase merci.
C'est pourquoi j'aimerais, m'allier à vous pour accomplir tous ces buts que nous avons en commun et faire règner l'ordre sur ces terres.

- Voila, il ne vous manque plus qu'à recopier ceci de votre plus belle écriture, et de faire parvenir cette lettre au Comte.

Le secrétaire ne parvint pas à retenir un soupir de lassitude.

- Vous ne signez pas ?

- Suis-je bête ! s'exclama-t-elle. Je suppose que si je ne précède pas mon nom d'interminables titres de noblesse, la lettre n'arrivera pas à destination ? aujouta-t-elle après un court silence.

- Elle passera par le bureau de recrutement, qui verra s'il est nécessaire de...

L'elfe ne le laissa pas finir sa phrase.

- Rajoutez Dame Idril, reine régnante de Narmolia dite la souveraine de sang mêlé.

Sur ce, elle sortit comme elle était rentrée, sans prendre la peine de saluer.